Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

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Vous avez aimé Into the Wild ? Vous vous demandez souvent à quoi tout cela rime, d’aller bosser, de trimer comme un(e) forcené(e) ? D’accumuler ces journées de dingue, de courir, partout, toujours ? De payer son loyer, ses impôts, courir le week-end dépenser l’argent péniblement gagné en fringues, sorties, week-ends ? Vous trouvez que vos voyages ont un goût de déjà-vu ? Vous en avez assez de courir après le temps va, tout s’en va ?

Ne rayez aucune des propositions ci-dessus et ruez vous séance tenante sur cette pépite de Sylvain Tesson. Un aventurier des temps moderne, un vrai, parti vivre en ermite au fond des bois de Sibérie, en face du lac Baïkal, pendant la bagatelle de six mois. Ces six mois d’isolement, de froid, de doute parfois, il les a consigné dans ces Forêts de Sibérie. Journal intime, récit de vie, carnet d’aventure… c’est tout cela à la fois. Si on s’ennuie ? Que nenni : les journées dans la cabane ont beau être longues, son récit a un parfum de rêve, un rêve mâtiné d’audaces (au pluriel, oui !) qui nous (me ?) fait souvent défaut pour oser prendre les propres rênes de sa vie… Que ce soit au fin fond de la Sibérie, à Paris ou ailleurs.

Le tout est truffé de bons mots, de réflexions plus ou moins philosophiques, de descriptions de paysages à couper les souffles. On referme le livre, apaisé, et un peu plus enclin à oser. Enfin.

Morceaux choisis :

« Notre péché à nous autres, les hommes, c’est d’avoir perdu cette fièvre du chien à rapporter le même os. Pour être heureux, il faut que nous accumulions chez nous des dizaines d’objets de plus en plus sophistiqués. La pub nous lance son « va chercher ! ». Le chien a admirablement réglé le problème du désir ».

« Rien ne vaut la solitude. Pour être parfaitement heureux, il me manque quelqu’un à qui l’expliquer ».

« La solitude est la chose la plus difficile à protéger ».

« Le temps a sur la peau le pouvoir de l’eau sur la terre. Il creuse en s’écoulant ».

« Nommer les bêtes et les plantes d’après les guides naturalistes, c’est comme reconnaître les stars dans la rue grâce aux journaux people. Au lieu de « Oh mais c’est Madonna ! », on s’exclame « Ciel, une grue cendrée ! ».

monavis-A NE PAS MANQUER

Ce que dit la 4ème de couv : Assez tôt, j’ai compris que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché d’être heureux.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

 

Commentaires

Je l’ai découvert sur Nova, ton billet confirme mon premier ressenti, je veux ce bouquin!
Bonne journée à toi.

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Sylvain Tesson s’était également filmé pendant ces six mois. Il existe donc un petit documentaire d’une cinquantaine de minutes qui permet de mettre des images sur les mots de Tesson.
Je te donne le lien : https://www.youtube.com/watch?v=9-CxXrRieCM

Bonne journée !

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Mais GENIAL, merci mille fois !

Moi qui suis en pleine remise en question de ma vie parisienne, ce livre me tente illico !

Dans le même registre, Henry David Thoreau (américain du XIXe) a écrit « Walden ou la vie dans les bois », qui pourrait te plaire. C’est son oeuvre majeure, fruit d’une retraite en pleine forêt dans le Massachusetts pendant plus de deux ans, alors qu’il profitait du « confort moderne ». C’est un roman très autobiographique, un peu naturaliste, un peu sociologique, qui encourage le lecteur à faire l’expérience de l’isolement dans la nature. A l’occasion, ça peut te plaire 🙂

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Oui j’avais vu il y a qqs temps le livre en rayon.
Quant au documentaire je vais aller le regarder ce soir merci pour ce lien!

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Intriguée par cette expérience d’isolement et tjrs attirée par les récits de grands voyageurs, j’avais lu ce bouquin avec plaisir quand il a été récompensé. QQue part, c’est une leçon de vie et j’aime la façon dont Tesson nous en fait prendre conscience. 🙂
Dans un autre genre mais tjrs sur le thème du voyage , je te conseille « Touriste » de Julien Blanc-Gras, (Journaliste reporter) ce n’est pas son tout dernier bouquin mais celui qui est sorti en poche récemment. Sympa!!)

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J’adore son écriture et son humour ! Une espèce de folie douce qu’on retrouve souvent chez les « explorateurs » (comment les nommer ?)

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Ma claque de cet été! Merci de parler de ce chef d’oeuvre.Faites confiance à Deedee. Cet écrivain a un sens de l’observation et de l’analyse précis et très poétique…Ce livre est simplement sublime Bonne lecture!

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Je pense que je vais lire avec grand intérêt cet ouvrage.
J’avais déjà beaucoup aimé le récit de Sylvain Tesson lorsqu’il a parcouru le monde à vélo avec son ami Alexandre Poussin et j’avais été fascinée par leur aventure.
L.C.

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C’est drôle c’est la 2e fois aujourd’hui que l’on me parle de ce livre de S Tesson.. Je crois qu’il va falloir que je me le procure rapidement, car le sujet de la solitude m’intéresse particulièrement en ce moment, pas pour moi mais pour l’aventure du web robinson dont je suis l’attachée de presse http://www.webrobinson.fr .
Une idée de cadeau à offrir à mon robinson moderne avant son départ.

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euh…. si on considère la fin d’Into the Wild, je préfère encore courir comme une dératée de parisienne stressée que me prendre pour Christopher McCandless… Y’a pas un juste milieu ? Genre une maison à la campagne (rive gauche de la Garonne tant qu’à faire) avec un job en télétravail, ma fille qui joue à côté de moi et mon chat qui se roule dans le soleil sur la terrasse ? Oui bon ça va, on peut rêver un peu aussi !!!

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Le stéréotype du bobo parisien qui pète soi-disant un câble, rêve de vie sans iphone, se met passablement en difficulté durant quelques semaines, (pas toute une vie faut pas déconner). Revient soi-disant grandi et vient raconter à ses congénères bobo & hypster d’un air supérieur comment cette expérience l’a changée en créant un concept, celui de l’homme blanc hétérosexuel bourreau décomplexé, qui après sa petite escapade rentre dans son appartement parisien, avec toujours des préjugés,les mêmes automatismes du privilégié c’est à dire l’ultime condescendance. Ca manque cruellement de sincérité. Comme si les femmes ne rêvaient pas elle aussi de liberté…

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Disons que dans l’absolu et bien que ça ne soit absolument pas du tout ni le thème du livre, ni le genre de son auteur, d’accord.

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