La couleur des sentiments, de Kathryn Stockett

Alors alors alors. ALORS !

Vous aviez été extrêmement nombreux à me recommander cette lecture, que ce soit ici ou sur Facebook. Je l’avais notée dans un petit coin de calepin, prête à dégainer votre conseil dès qu’une panne de lecture se pointerait. Et puis, je l’avoue, la rentrée littéraire ayant eu raison de mes maigres économies, je l’avais évincé jusqu’à nouvel ordre. Ô que cette action était vilaine, voire inconséquente ! Disons-le tout net, ce livre est une bombe… même si je n’ai pas adhéré au propos dans sa totalité.

La couleur des sentiments, c’est l’histoire d’une petite communauté d’amies – blanches – et de leur quotidien, dont la logistique est assurée par une armada de nounous, bonnes, aides à domicile. Noires. Le tout se déroule dans le Mississippi des années 60.

Le livre décrit en grande partie les relations que ces femmes blanches entretiennent avec leurs domestiques, sans omettre de souligner au passage le paradoxe de certaines situations : ces femmes élèvent leurs enfants, mais on leur construit des toilettes à part pour ne pas qu’elles puissent répandre leurs maladies supposées. Par exemple.

Jusqu’au jour où Skeeter, l’une des femmes du cercles des blanches, ouvre les yeux : avec l’aide d’Aibileen, l’une des bonnes au service de ces dames, elle décide alors de rédiger un livre rassemblant les témoignages de plusieurs d’entre elles afin de décrire ce quotidien nourrit de paradoxes et d’incohérences.

Voilà pour l’histoire, que j’ai beaucoup aimée, sur le principe. Les années 60, c’est hier… et on est effaré, à la lecture de La couleur des sentiments de constater à quel point tout cela semble rétrograde, tellement… lunaire !

Et puis, on se prend à réfléchir. Et on se demande quelle aurait été notre réaction à nous, si nous avions vécu à cette époque et avions tenu pour acquis qu’avoir un domestique noir et sous payé allait forcément de soit. Vous voyez, la fameuse chanson de Goldman (ouch, paye ta référence !). Dans la même veine, le livre pose la question du courant dominant de  la pensée à telle ou telle époque, et de la manière dont on peut – ou non !- s’inscrire en faux contre une situation considérée comme étant une norme.

Reste que le livre souffre parfois de lieux communs et de situations un peu (beaucoup !) clichés… mais ce serait vraiment dommage de ne pas passer outre. Ce faisant, vous rateriez une excellente lecture.

Ce que dit la 4ème de couv’ : Jackson, Mississippi, 1962.
Lorsqu’elle rentre chez elle, Aibileen, seule dans sa bicoque du quartier noir de Jackson, dîne modestement, écrit ses prières dans un carnet, pense à son fils disparu et écoute du gospel, du blues ou le sermon du Pasteur à la radio. Nurse et bonne au service de familles blanches depuis quarante ans, Aibileen n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort. Elle vit pour “ses enfants” – les petits Blancs dont elle s’occupe jusqu’à l’âge où ils changent –, les aime tendrement et met un point d’honneur à leur transmettre l’estime de soi, luttant comme elle le peut contre les idées racistes que leurs parents leur enfonceront bientôt dans le crâne. Aibileen est une âme généreuse, dotée d’une grande sagesse et d’une bonhomie attendrissante. Elle a la vitalité, la douceur et la rondeur d’Ella Fitzgerald.

Dans les pires moments, elle peut compter sur sa meilleure amie, Minny, bonne et cuisinière chez les Blancs depuis son plus jeune âge elle aussi, une forte tête qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Entre un mari alcoolique à la main lourde et cinq enfants à éduquer, son quotidien s’apparente à une lutte de survie. Ainsi dissimule-t-elle sa sensibilité sous les traits d’une maîtresse-femme à la langue bien pendue, ce qui lui a valu d’être maintes fois renvoyée. D’ailleurs, sa nouvelle patronne, pin-up désœuvrée au comportement étrange, lui donne déjà du fil à retordre.
C’est alors qu’arrive Skeeter Phelan. Vingt-deux ans et fraîchement diplômée, elle est de retour à Jackson où elle retrouve ses anciennes amies. Contrairement à elles, Skeeter n’a pas encore la bague au doigt, attache peu d’importance à ses tenues et sa coiffure, possède un esprit plus ouvert que la moyenne et souhaite plus que tout devenir écrivain. Lorsqu’on lui confie la rubrique ménagère du journal local, elle demande à Aibileen de lui donner des tuyaux. Elle apprend à la connaître et comprend bientôt qu’elle tient son sujet : il y a peu, une certaine Rosa Parks a refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus ; un certain Martin Luther King se rend de ville en ville pour défendre la cause des droits civiques ; elle, Skeeter Phelan, va donner la parole aux bonnes de Jackson, leur demander de raconter ce que c’est qu’être une bonne noire au service d’une famille blanche du Mississippi, recueillir leurs témoignages et en faire un livre. Elle y tient d’autant plus que Constantine, la bonne qui l’a élevée et qu’elle aime profondément, a été congédiée par ses parents pour des raisons obscures.
Ce projet fou auquel se rallient Aibileen et Minny va les mettre en danger et changer à jamais le cours de leur vie.

Commentaires

depuis le temps que moi aussi je repousse sa lecture pour plein de raisons differentes, il faut absolument que je m’y mette avant que le film sorte et ne soit plus à l’affiche ! Aïe !!

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ma chère deedee, je suis ravie de voir que ce roman a sa place dans ta bilbliothèque! Je l’ai lu il y a quelques mois et j’avoue avoir passé un bon moment en compagnie de Skeeter et Abileen. Un roman qui marque les esprits! J’attend avec impatience tes prochaines suggestions!

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Ah ! mais ça tombe bien ! je cherchais justement quelqu’un à qui l’emprunter avant la sortie du film éponyme ! 😀 (comment ça j’abuse ?)

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Alors, pas de problème (je suis très prêteuse en matière de livre). Le seul truc, c’est que c’est déjà un prêt qu’on m’a fait… !

Fais une petite review des billets livres précédents, je peux te prêter ceux-là sans souci 🙂

je suis en train de lire justement :)) par contre, j’ai un peu de mal à rentrer dedans…

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Lu (ou plutôt dévoré) pendant les vacances estivales; Un peu de mal à rentrer dedans au départ mais ensuite pas moyen de le lâcher !

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2 nuits noires quasi-blanches (ouch, pas mieux !) à avaler les pages… un petit côté Mâ’ame Scarlett parfois mais une vraie perle. A lire jusqu’aux toutes toutes dernières pages surtout, l’épilogue est très important !

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Comme Chris, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans … Mais depuis que j’ai passé le premier tiers, j’ai vraiment hâte de lire la suite. Je n’en suis qu’à la moitié (trop fatiguée pour lire le soir et malheureusement peu de temps le weekend).

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Le côté un peu cliché est souvent un écueuil dans lequel les écrivains tombent réglièrement. Néanmoins ce livre me laisse un très bon souvenir.

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Hello Deedee!
Justement, je l’ai regardé l’autre jour, puis reposé au profit du « Rien ne s’oppose à la nuit ». L’as-tu lu celui-là? Mais vais de ce pas aller y jeter un ptit coup d’oeil puisque tu nous le suggéres.

Quant à ta référence, elle tombe vraiment à propos. Puisque, figure-toi, le monsieur à 60 ans aujourd’hui. Happy Bday JJ!!

Passe une belle journée
L’

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Un livre que j’ai très envie de lire depuis un bon moment tant les critiques sont élogieuses…je crois que je vais finalement finir par me laisser tenter!

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Ce roman m’a beaucoup ému et, en tant que métisse, m’a posé pas mal de questions.
Comment vivaient mes grands-parents maternels antillais que je n’ai pas connu à cette époque? Comment ma mère a vécu son arrivée en France dans les années 70?
Comment a-t-elle réellement été perçue par mes grands parents paternels blancs qui ont toujours eu une « gouvernante » et un jardinier à leur domicile?
Ma mère m’a raconté que pendant sa grossesse, ma grand mère (sa belle mère) était particulièrement intriguée et inquiète sur la couleur que j’allais avoir. Et c’était il n’y a que 30 ans. C’est fou cette peur et ses angoisses liées à la différence.
J’irai voir le film avec beaucoup de tendresse!

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Mais comment fais-tu pour arriver à lire autant et si régulièrement tout en bossant? Je t’admire car moi, même en congé maternité j’arrive pas à terminer la pile de bouquins que j’ai accumulés ces derniers mois.

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J’ai adoré, pas trouvé tant de clichés que ça… mais comme on ne vivait pas à cette époque, j’ai du mal à les trouver.
Par contre l’auteur a vécu tout ça, même si ce n’est pas son autobiographie.
Je suis contente que tu ais aimé, ce livre me laisse un bon souvenir, et se dire qu’aujourd’hui ils ont un Président noir…
Me tarde le film !

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Je l’avais offert à une amie à Noël, et finalement je l’ai acheté pour moi, cet été, et je suis en train de le finir. C’est vraiment un bijou, on n’est pas du tout perdu avec les nombreux personnages, le fil de l’histoire est extrêmement bien construit contrairement à d’autres livres que j’ai pu lire (notamment Le plus bel âge de J.S Rakoff). On ne s’emmêle pas les pinceaux. Et dire qu’il lui a fallu cinq ans pour l’écrire, le résultat en vaut la peine. Je suis bien contente qu’il te plaise.

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J’ai vu le film qui est pas mal mais le livre est sans doute encore mieux ! Merci de me l’avoir indiqué 🙂
Bonne journée !

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Il est vraiment temps que je me lance dans la lecture de ce roman…cela va être difficile avant la sortie au ciné…je vais sûrement zapper le film dans ce cas…

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Même parsemé de lieux communs, ce livre offre de quoi réfléchir sur ce qui est encore d’actualité dans certains esprits, hélas.
PS: la même référence m’a sauté à la maille, si je puis dire, chère Deedee 😉

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Humm j’ai honte. Ce livre trône sur mon bureau depuis plus de 4 mois.

Mais tu m’as décidé, je vais le lire 🙂

Et puis le film sort très bientôt alors il faut faire fissa !

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je vis aux US, ils ont meme sorti un film qui est adapte de ce livre (qui s’appelle « The Help » en anglais). Le film est tres beau et a fait un tabac en fait.
Francoise

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