La vérité sur les crèmes solaires / Entretien avec un expert Bioderma

Lorsque je vous ai parlé sur Instagram des solaires lors du déjeuner de presse organisé par Bioderma, vous avez été archi nombreuses à m’envoyer vos questions. Si j’ai pu répondre à certaines, j’ai très vite été prise de cours sur la formulation de certains produits, par exemple. Je suis loin d’être une experte sur les composants des cosmétiques que nous utilisons et si le sujet m’intéresse, que je le creuse et en apprend chaque jour un peu plus sur le sujet, je ne veux pas non plus vous recommander n’importe quoi…!

J’ai donc demandé à Marie-Pierre Dulau, Directrice Développement Bioderma et au Dr Michèle Sayag, Directrice de la stratégie médicale Bioderma, de lever le voile sur mes questions pour comprendre comment les solaires fonctionnaient, de quoi ils étaient composés exactement et comment il faut les utiliser pour un résultat optimum. Voici leurs réponses :

La composition des crèmes solaires

La composition des crèmes solaires pose aujourd’hui beaucoup de questions. Quelques pistes pour faire le tri et être rassuré.e.s :

C’est quoi une crème solaire “clean” ?
Une crème solaire clean est avant tout de garantir à la fois la photoprotection annoncée et la sécurité dermatologique, c’est-à-dire que le produit puisse apporter la photoprotection homogène (UVB/UVA) nécessaire à la cible, photostable, résistante à l’eau tout en garantissant une bonne tolérance (pas d’irritation cutanée, pas de dessèchement).

Est-ce qu’il existe une crème solaire en particulier chez Bioderma qui respecte l’environnement ?
Nous lançons désormais les tests sur dangerosité sur coraux et algues marines, sur l’ensemble de nos nouvelles formules : à ce jour, les nouvelles formules bronz huile 50+, spray SPF30 et kid spray et photo minéral sont conformes sur ces tests.

Filtres chimiques, perturbateurs endocriniens, nanoparticules…. on regarde aujourd’hui les solaires d’un autre oeil. Quels sont les composants à éviter absolument pour une protection sans danger ?
Le 4-METHYLBENZYLIDENE CAMPHOR et l’oxybenzone (benzophenone) : ce sont perturbateurs suspectés selon un modèle de tests.

Certains produits Bioderma sont mal notés dans les applis de notation, pourquoi? (Source : l’appli UFC Que Choisir, Quel Cosmétique). 3 produits par exemple :

  1. le Spray très haute protection SPF50+ Photoderm Max à cause du Cyclopentasiloxane (perturbateur endocrinien) :c’est l’ancienne formule qui est notée, la nouvelle formule qui est sur le marché est sans cyclopentasiloxanne. A noter que le cyclopentasiloxanne n’est pas un perturbateur avéré (avis du SCCS ) ; cette substance est sûre dans les produits solaires, dans le cadre d’une application externe sans risque d’inhalation.
  2. le Stick réparateur apaisant spf 50+ Cicabio à cause de l’ethylhexyl methoxycinnamate (perturbation des œstrogènes et de la fonction thyroïdienne prouvés, polluant pour l’environnement) :la future formule (sans ethylhexylcinnamate) est prévue pour prévue pour janvier 2020 : l’ANSM a évalué cette substance et a conclu qu’elle en présentait pas de risque pour la santé pour une utilisation dans les produits cosmétiques ; ce filtre UVB est très largement employé et garantit un bonne protection dans les UVB.
  3. l’Huile sèche Photoderm bronz 50+, à cause de l’ethylhexyl methoxycinnamate et du Cyclopentasiloxane) : la nouvelle formule sans l’ethylhexyl methoxycinnamate et Cyclopentasiloxane  est déjà disponible sur le marché.

Le dioxyde de titane est souvent pointé du doigt, pourquoi ? Est-il vraiment sans danger ? Les produits Bioderma en contiennent-ils ?
Peu de produits Bioderma en contiennent ; uniquement le photoderm minéral qui est composé uniquement de filtres minéraux destinés à des consommateurs qui seraient allergiques aux filtres organiques ; ce filtre est autorisé par le règlement et a été évalué en toxicologie et est tout à fait conforme et safe d’un point de vue topique pour une utilisation dans les produits cosmétiques.

Quelle est la différence entre un filtre minéral, un filtre chimique et un filtre de synthèse ? 
Le filtre chimique est un filtre de synthèse ou encore organique. La différence est leur mode d’action sur les UV : les filtres organiques absorbent l’énergie des UV tandis que les filtres minéraux agissent essentiellement par réflexion.

Une crème solaire bio est-elle mieux ou moins bien ? Pourquoi ?
Généralement les crèmes bio sont composées de filtres minéraux ; L’avantage est que les allergies aux filtres minéraux sont moins fréquentes ; en revanche, la photoprotection est très souvent moins homogène si la formulation n’est pas optimisée en terme de dispersion des filtres minéraux. De plus si la formule n’a pas été optimisée, elle peut entrainer des dessèchements de la peau. Enfin, les galéniques (NDLA : forme que revêt un produit cosmétique, par exemple une crème, un sérum etc) sont moins sensorielles, plus freinantes, laissent un fini blanc sur la peau et ne favorisent pas l’observance et la réapplication du produit.

L’USAGE des crèmes solaires

Les conseils liés à une exposition bien protégée évoluent. Pour faire le point sur nos connaissances et peut-être, tirer une croix sur les idées reçues :

Quelle est la différence entre UVA et UVB ? Y-en-a-t-il un plus dangereux que l’autre ?
Il est important de se protéger à la fois des UVA et des UVB. Les UVA correspondent à une longueur d’ondes de 400 à 315 nm, les UVB à une longueur d’ondes de 315 à 280 nm. Les UVA pénètrent plus profondément dans le derme, ils sont principalement responsables des taches pigmentaires, du vieillissement de la peau et des rides.

Parmi les UV qui atteignent la terre, 98 % sont des UVA. Moins énergétiques que les UVB, ils ont donc un plus grand pouvoir de pénétration dans la peau et 20 à 30 % atteignent le derme
moyen. Ils constituent une toxicité indirecte qui entraine la formation de radicaux libres qui vont altérer lipides, protéines et altèrent l’ADN. Ils sont en outre cancérigène.

Les UVB pénètrent moins profondément et sont responsables des coups de soleil, des brûlures, des cloques et de la majorité des cancers de la peau. Ils ont eux aussi une toxicité directe et ils sont cancérigène.

Concrètement, quelle quantité de produit doit-on mettre pour être bien protégé ?
Généralement, si la formulation a été bien optimisée, le consommateur va utiliser le produit correctement et va l’étaler de manière homogène en quantité raisonnable ; ceci signifie que la formule doit conférer un étalement facile et homogène sur la peau (texture rhéofluidifiante) et doit avoir un sensoriel agréable pour donner envie aux consommateurs de mettre suffisamment de quantité pour être protégé.

Qu’est ce qui se passe quand on a un coup de soleil et pourquoi est ce que c’est mauvais ?
Ceci signifie que la peau n’a pas été protégée des UVB et que les UV ont altéré la barrière cutanée. la rougeur permet de donner l’alerte à un conso qu’il est nécessaire de se protéger

Peut-on vraiment bronzer avec un indice de protection élevé ?
Oui. NDLA : La preuve.

Et si on est derrière une vitre, on doit aussi mettre de la crème ?
Le verre n’arrête pas les UVA ; tout dépend comment est traité le verre d’une vitre mais oui, on peut prendre un coup de soleil derrière une vitre.

Quid des peaux allergiques (LEB), elles doivent renoncer au soleil ? 

Pour répondre à la question de « savoir si les peaux allergiques doivent renoncer au soleil ? Si non, quelle serait la marche à suivre ? » il faut d’abord définir de quelles peaux allergiques on parle. J’ai supposé qu’il s’agissait de ce qu’on appelle communément « allergie au soleil », c’est-à-dire le plus souvent la lucite estivale bénigne (LEB).

Elle toucherait 10 à 20% de la population adulte, plus particulièrement les femmes (85% des cas), entre 15 et 35 ans. Elle apparait généralement  12 à 72 h après une exposition relativement intense (un « bain de soleil »). Elle se manifeste par des petites papules, parfois des vésicules, très prurigineuses (pouvant altérer le sommeil), classiquement situées sur le décolleté, les épaules, les membres, le dos des mains et des pieds avec un respect surprenant du visage (pour une photodermatose). Si l’on arrête l’exposition solaire, l’éruption s’atténue en une dizaine de jours. Et si on continue à s’exposer, l’éruption s’atténue avec le développement du bronzage. La LEB récidive chaque été et finit par disparaître au bout de quelques années.

Le traitement préventif de la LEB : il n’est pas nécessaire de renoncer au soleil, il faut s’y préparer chaque année.

Avant l’exposition, il est recommandé d’utiliser un complément alimentaire type Photoderm Oral : 2 gélules par jour pendant 15 jours (voire 3 semaines) avant l’exposition. Photoderm Oral contient des anti-oxydants comme le bétacarotène et de manière spécifique des huiles de poisson riches en oméga-3 qui augmente le seuil de tolérance de la peau au soleil.

Pendant l’exposition, il faut poursuivre Photoderm Oral et associer obligatoirement une protection solaire par voie topique type Photoderm LEB qui régule l’impact des rayons UV sur la peau grâce au ratio idéal SPF30/UVA30 de 1. Cette innovation permet de : 1) Ne pas bloquer tous les UVB et induire ainsi une adaptation progressive de la peau au soleil, 2) Offrir une très haute protection contre les UVA, responsables du déclenchement de la LEB. Les filtres sont associés à des antioxydants, Photoderm LEB réduit de façon importante le déclenchement et la sévérité de la LEB.

Au cas où la question portait sur un autre terrain allergique que la LEB, par exemple une allergie de contact (à des métaux comme le nickel, aux cosmétiques, à des médicaments, à des plantes…), a priori ces personnes n’ont pas de problèmes au soleil liés à l’allergie de contact elle-même.

 

Voilà, j’espère que vous en aurez appris un peu plus sur les composants des crèmes solaires, ceux qu’il vaut mieux éviter, ceux qu’il convient de privilégier mais aussi sur l’usage des crèmes solaires. Je suis hyper contente d’avoir pu réaliser ce sujet grâce à ces experts et à l’ouverture d’esprit de Bioderma : j’ai pu poser toutes les questions qui m’interpelaient, notamment sur les composants des produits, aucune question n’a été minorée ou censurée. C’est important de le signaler !

Pour compléter ce dossier, vous pouvez consulter le guide de l’UFC Que Choisir dédié aux cosmétiques (N°120). Il n’est plus en kiosque mais vous devriez pouvoir le trouver en ligne.

Rendez-vous en stories sur Instagram pour passer votre permis de bronzer !

LA SEMAINE PROCHAINE : je vous parle de crèmes solaires respectueuses de l’environnement 🙂 A tantôt !

Commentaires

Étant dotée d une peau proche de celle du dalmatien (avec foultitude de grains de beauté), suivie depuis l adolescence par mon dermato et par conséquent abonnée à l indice 50 depuis tout autant, je confirme qu on bronze parfaitement, et même mieux en effet, avec que sans. Certes l arrivée du bronzage est moins spectaculaire… En revanche mes traces de maillot, par exemple, ne s estompent complètement que pendant l hiver, soit plusieurs mois après la fin des expositions ! Tout bénéf en somme 😉

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J’ai lu avec attention votre article.Je suis malheureusement atteinte d’une dermatite séborrhéique diagnostiquée par différents médecins. Or, une dermato m’a prescrit de chez Bioderma le stick très hte protection 50+, c’est celui là que vous citez ci-dessus dans les produits à éviter. J’avoue que je ne sais plus quoi faire avec ttes ces contradictions. Il faut savoir que je ne m’expose pas. Avec ce problème, je ne sais plus comment nettoyer et hydrater mon visage.
Merci pour vos conseils

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