Rencontre avec Céline Mahieux, créatrice de maroquinerie en python

Une fois n’est pas coutume : je troque l’interview parisienne contre une interview tout court !

J’ai rencontré Céline Mahieux il y a quelques mois. Tout de suite, j’ai été séduite par son histoire hors du commun et son talent, son inventivité, sa ténacité et son courage.

Créatrice de maroquinerie en python, elle répond aujourd’hui à quelques questions.

Qui es-tu ? Peux tu nous raconter en quelques lignes ton histoire, pourquoi tu as crée ta marque ?

Je m’appelle Céline, j’ai 30 ans. Résumer 11 ans d’une vie ne va pas être évident surtout pour une grande bavarde comme moi… !

A 19 ans, je débarque a Shenzhen pour y retrouver un français, un amour de vacances qui travaille en Chine.

Moi la petite parisienne qui débarque avec mes talons hauts, je les ai vite troqués pour une paire de tennis ! Je suis restée 4 ans en Chine, avant de passer 3 ans au Japon et enfin, il y a 4 ans : je suis arrivée en Indonésie.

Ce fut une révélation. Comment ne pas tomber amoureuse de ce pays et de ses habitants, de leurs sourires, de leur culture et leurs codes ?

Novembre 2007, le choc : mon mari me fait part du jour au lendemain et sans aucune explication de son intention de divorcer. Je suis perdue, seule et effondrée… Que faire ? Est ce que je rentre en France ou est ce que je reste en Indonésie ?

Je suis restée. Pour me changer les idées et laisser le gouffre de douleur dans lequel je suis, je fais des recherches de matières pour un ami designer, je fouine, je contacte des usines textiles, des fournisseurs de cuir … et …la …grande rencontre avec les matières reptiles et plus particulièrement, le python.

Des que j’ai touché cette peau, j’en suis tombée littéralement amoureuse. La texture, la douceur, la beauté… Je crée alors mon premier modèle.


Encouragée par les premiers retours très positifs de ma famille, je décide de pousser la porte de quelques boutiques pour connaitre les réactions des professionnels… elles sont elles également positives.

Nous sommes en juillet 2008, l’aventure peut commencer !

Pourquoi avoir choisi le python ?

C’est un peu pompeux mais… Ce n’est pas moi qui ai choisi le python, c’est le python qui m’a choisie !

Le python est avant tout une peau impressionnante. Je n’utilise que des animaux d’élevage. Leur peau fait en moyenne 1m60 de long pour 30m de large. Les écailles sont divinement bien dessinées et chaque peau est unique.

Enfin, la peau du python est comme notre carte d’identité : chaque animal est unique, par conséquent chaque peau est unique également.

ça n’est pas un peu fragile, comme matière ?

Pas du tout ! C’est une matière incroyable : la peau qui vieillit très bien et qui au fur à mesure du temps se patine et s’assouplit. Essayez de tirer sur les écailles… rien ne s’abimera sauf peut être vos ongles !

Le python… ça n’est pas une espèce protégée ?

Je n’utilise que des peaux de pythons d’élevage. De la même manière que la Norvège élève des saumons, l’Australie, des moutons, des Kangourous et des vaches ou bien encore la France, des bœufs, l’Indonésie élève des pythons. Les indonésiens ne mangent pas leur viande (contrairement aux chinois !), et vendent leurs peaux.

De plus, je ne peux pas utiliser la peau mutée des pythons : elle est trop abimée et par conséquent, inutilisable.

Et puis, ces élevages sont signataires de la CITES, la Convention sur le commerce international de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) et permettent de réguler l’espèce dans un pays où les pythons prolifèrent.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Je crée ce que j’aimerais avoir et que je ne trouve pas dans le commerce. Il m’arrive de dessiner un petit modèle sur un bout de papier, mais n’ayant pas fait d’études de style, de design, tout est dans ma tête. Je sais ce que j’aimerais avoir ou j’ai une vague idée et en fonction de ma peau j’essaye de m’en rapprocher.

La peau est belle c’est un fait, alors je ne veux pas faire de bling bling. Je préfère faire un modèle un peu plus petit mais le créer sans couture dans la largeur maximale de la peau.


Quelle est ta pièce préférée ?

Toutes ! Même celles qui sont ratées… Je suis toujours satisfaite et amoureuse car je ne crée par pour devenir riche, belle et célèbre mais parce que j’aime ça.

Et surtout, il faut savoir que tout ce travail, c est un travail d’équipe, basé sur la confiance, le respect mutuel.

Les personnes avec qui je travaille font partie de ma famille. Ils sont 6 : un couple et 4 personnes. La femme achète les peaux, son mari dirige les 4 ouvriers. Je partage des moments très forts avec eux. Chaque création est un véritable travail d’équipe !

Pour répondre a ta question : ma pièce préférée…. toutes, donc, mais j ai un petit faible pour GILI car facile a porter en soirée.

Peux-tu nous décrire une journée type ?

Quand j arrive a l’atelier le matin, mon premier geste est d’enlever mes chaussures, puis de saluer (« selamater ») les personnes de la maison.

Nous nous asseyons par terre pour travailler. Ici, le temps n’a pas la même valeur qu’en Europe : dans notre philosophie d’européen il faut aller vite , traiter les problèmes rapidement.

En Indonésie, si vous vous voulez créer des liens et un bon climat de travail, il faut prendre son temps !

Quels seraient tes conseils pour une jeune créatrice qui voudrait se lancer ?

Je suis très mal placée pour donner des conseils… Pour moi, ma séparation a été un déclic, mais je ne vais pas vous dire : « faites vous larguer par votre mari » !

Mais si je devais en donner un, ce serait ACCROCHEZ vous !!! Je sais que c’est facile a dire, mais pas évident au quotidien : beaucoup de doutes, de solitude, peu de recul par rapport a ce que l’on fait… Car créer est une chose mais être distribuée en est une autre !

Alors surtout… Ne vous découragez pas !

Comment arrives-tu à concilier ta casquette de créatrice et celle de représentante de ta marque ?

C’est simple : beaucoup de stress et peu de sommeil !

Non… blague a part, je rentre en France une fois tous les deux mois. A chaque voyage, j’en profite pour pousser la porte de distributeurs potentiels à paris pour leur proposer de leur faire des cadeaux clients sur mesure.

Mon père m’aide également beaucoup.

Quel est ton souhait le plus cher ?

Encore une fois, je ne cherche pas a devenir, riche, belle et célèbre et que mon nom devienne de l’or… je veux juste et sincèrement pouvoir continuer a vivre en Indonésie, créer mes modèles, vivre de ma passion.

Pour ça, il me faut continuer à trouver des distributeurs en France.

J’aimerais aussi créer une boutique en ligne et pouvoir continuer à proposer mes créations à des prix abordables… Pourquoi les belles choses devraient forcément être hors de prix ?! J’aimerais rendre le python accessible…

Commentaires

Intéressant… le parcours de cette femme est très particulier. La révélation due au divorce… le fait de n’oser se lancer que lorsqu’on est sans autre solution, c’est saisissant.

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Merci pour cette interview… J’aime bien les parcours atypiques comme celui-là, ça montre que tout est possible, que rien n’est joué d’avance… Et la pochette rouge, mmmhhh…

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Super jolie la pochette noire à gros noeud!
Où peut -on trouver les créations de Céline!

tout ça donne pas mal envie d’aller bosser en Indonésie!…

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Cela pose un problème si les Chinois mangent du serpent? C’est d’ailleurs super bon 😉

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Effectivement, c’est super chouette ! Mais y aurait-il un site internet ou une quelconque boutique où se procurer ces jolies créations ?

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La pochette GILI est waouh!!! Cette couleur…. Je me laisserai bien tenter..

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J’aime beaucoup les créations de Céline Mahieu, elles sont superbes !
Merci pour cette interview !
Quel parcours !
Quelle est la fourchette de prix pour se faire une idée ?

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Je n’adore pas le python, mais ces créations ont l’air toutes mignonnes !

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Un joli exemple de nouveau départ…comme quoi on rebondit…et je me réconcilie avec le python d’un coup!!!

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Bravo c’est une tres belle histoire de vie et les sacs n’en sont pas moins beaux! ou peut on en denicher un ? ( non didi je parle pas d’un pythonn mais d’un sac?? )

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Rhaaaaa, vivre en Indonésie… le rêêêêêve !

Et c’est bizarre mais autant je trouve ça jouli, autant je ne pourrais pas avoir un sac en python…

Pas peur des reptiles mais le côté "peau morte" me dérange un peu (ce qui est d’autant plus stupide que j’adore les chaussures en cuir… c’est irrationnel… ).

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J’aime cette interview, une personne simple et honnête ! ça nous change des grands couturiers, j’ai toujours l’impression qu’ils nous mettent un couteau sous le coup, "achète donc ma paire de Chloé en python ahahahah 450€ achète achète" okay ça sent le vécu mon commentaire mais bon, tout ça pour dire que rien que pour la personnalité de Céline, on a envie de voir son travail. Bravo

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C’est super beau!!! Je veux la pochette rose!!! Merci pour l’ITW!

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J’aime bien le petit sac noir, par contre ça coute combien cette petite chose et ça s’achète ou?

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Ravie que vous soyez aussi séduits que moi !

Je vous donne les détails (prix + lieux de vente) très vite.

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Aaaaaaaaaaaaah j’aDOORE !!! Je suis fan de python et je veux ce sac avec un noeud noir !!!!!!! La classe ces coupes et cette qualité !! Où sont les points de vente ????

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Je vois avec Céline, je vous réponds vite sur les points de vente (et sur les prix !).

Je veux savoir aussi ! Où peut-on en trouver à Paris ??

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Bonjour
Si je peux me permettre de répondre, les créations de Céline sont à présent disponibles chez Rossana, à l’Epace des Créateurs, dans le Haut Marais : 7 rue commines, paris 3°!

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Bien-sûr Aude, au contraire, merci !

Céline vient de me transmettre la liste de ses points de vente, je la mets en ligne asap 😉

Bonjour,
Je dispose suite a un heritage de 3 peaux de python entieres, elles vont de 3m 20 a 4m. Si vous recherchez des peaux a l’achat n’hesitez pas a me contacter au 06 26 11 14 92.
Cordialement Mme Kierzek

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Bonjour. Je cherche à contacter Celine Mahieux, auriez vous une adresse e-mail à me communiquer ?

Merci

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