C’est un mardi soir. Je dine avec mes copines S., G et I. C’est S. qui a tenu à nous faire découvrir La Belle Epoque, son QG depuis plusieurs mois. Avant, c’était un cabaret. Depuis la rentrée, c’est un restaurant, un bar, un lieu de fête totalement repensé et redécoré : en faisant sauter le béton et le tissu des murs, Franck Maillot, figure de prou de la nuit parisienne (Le Palace, Les Bains Douches, le Queen, le Cab…) a découvert des sols magnifiques, des mosaïques, de grands miroirs qui habillaient l’ensemble des murs. De quoi composer un nouvel écrin digne de ce nom !
Ici, l’intérêt principal ne réside pas forcément dans l’assiette, un brin quelconque et un peu chère, si vous voulez mon avis, mais dans la salle : la musique est bonne, bonne, bonne, les filles aussi (pardon, elle était facile…) et ces messieurs ont des allures de gentleman. Ça parle, ça chahute, ça chantonne et ça applaudit dans une ambiance bon enfant, chic et décomplexée à la fois.
Et puis, il y a Patricia. Sourire éclatant et sincère vissé jusqu’au oreilles, elle vous accueille d’un bonsoir pétillant lorsque vous franchissez la porte des lieux d’aisance : Patricia est la dame pipi de La Belle Epoque, une fonction désuète et pourtant ô combien utile ! « Je fais en sorte que tout soit nickel » me confie-t-elle ce soir là. Quand je lui demande si cette fonction n’est pas trop ingrate, elle me répond du tac au tac « au contraire ! J’aime beaucoup discuter avec les gens. Les filles se confient, elles me parlent. Beaucoup me racontent des petits trucs, elles me font confiance. Mais il ne faut pas croire que ce sont les seules qui parlent : les hommes parlent beaucoup, eux aussi ! Et puis j’ai des fidèles, comme ce jeune homme là » (un beau trentenaire lui fait un clin d’oeil en passant, après lui avoir glissé la piécette réglementaire).
« Une fois, j’ai surpris une jeune femme en train de pleurer. Je me suis approchée d’elle pour la consoler. Elle m’a avoué qu’elle s’était fait plaquer par son mari depuis trois mois et qu’elle n’arrivait pas à s’en remettre. Oooh, je peux te dire que je l’ai engueulée ! Elle était si jeune, si jolie. Je lui ai dit qu’il fallait qu’elle se ressaisisse, qu’elle était bien trop jolie pour gâcher sa vie. J’ai sorti ma trousse secrète et je l’ai remaquillée. Quelques semaines plus tard, une jeune femme se plante devant moi. Elle me sourit et me dit « vous ne me reconnaissez pas, hein ? « . C’était la jeune femme que j’avais consolée. Elle m’a avoué que mes paroles l’avait aidée à sortir du gouffre, et elle voulait me remercier ».
Lumineuse, je vous dis. Pendant tout le temps de l’interview, les « bonsoirs » alternent avec le bruit des pièces. A n’en pas douter, Patricia est l’âme de ces lieux qui pétilleraient bien moins sans elle.
Voici ses réponses à l’interview parisienne :
Si tu devais définir Paris en quelques mots…
Magique. Paris, c’est vraiment magique !
Un détail qui tue à Paris ?
Les lumières. Je suis une inconditionnelle des Champs Elysées, j’aime bien me promener là-bas.
Un détail qui pue à Paris ?
La banlieue ! (elle rit). J’habite la Courneuve, j’aimerais bien habiter dans Paris. Etre près de Paris, c’est un peu frustrant : on n’est pas vraiment à Paris et il y a plus de transports pour rejoindre la capitale…
Si Paris était une chanson ?
Paris en colère de Mireille Mathieu
Si Paris était un parfum ?
L’eau du Soir de Sisley, Aromatique de Clinique. Ou n’importe quel parfum de Chanel !
Ton restaurant préféré ?
La Belle Epoque… Evidemment.
Ton café préféré ?
Le Café de la Paix. J’y suis allée pour la première fois il y a quelques jours, je n’avais jamais osé pousser la porte… J’aurais du y aller plus tôt, les lieux sont magnifiques et l’accueil y est parfait.
Pour toi, le métro, c’est…
Ça ne me dérange pas.
Rive droite ou rive gauche ?
C’est quoi déjà, la différence ? (je lui explique que la Seine s’écoule vers Rouen, et que donc, tous les arrondissements au nord de la Seine sont rive droite). Rive gauche ! J’adore aller me balader sur les quais : je pars des Invalides, je vais jusqu’à Saint Michel ou plus loin… C’est tellement beau.
Ta saison préférée à Paris ?
L’été ! On est tranquilles parce que Paris se vide. Il y a moins de voitures, les parisiens sont en vacances… On est plus insouciants, en été.
Merci Patricia, tu as fait briller ma soirée un peu plus fort à moi aussi !
Quelle dame adorable, j’en ai les larmes aux yeux. Merci pour cet interview
Une très jolie interview! Merci !
Merci pour ce joli rayon de soleil.
Patricia est lumineuse, son humanité réchauffe…
Des grands miroirs comme ça ca change tout !!!
Bonjour Deedee, très jolie interview que tu nous livres ce matin ! merci 🙂
Belle personne ! Merci pour ce portrait et merci à elle pour son empathie.
Merci deedee, je connais ce magnifique lieu de vue, je passe devant tous les samedi, tu m’encourages à pousser la porte… Pour y découvrir un peu de chaleur.
Très chouette cet interview ! Ca donne envie d’y passer juste pour voir Patricia 😉
J’aime beaucoup cette interview, ça change de tout ce qu’on peut lire et ça met en lumière non pas un travail, mais une personne vraie!
J’ai aimé cet interview et l’article. Ta description de Patricia donne vraiment envie de se déplacer là bas rien que pour la rencontrer !!!
Superbe article! Ce portrait est magnifique! En Belgique nous avons beaucoup de Mme Pipi mais je n’en ai pas encore connu d’aussi souriante et attendrissante que Patricia!
J’en ai connu des Dames pipis au fil du temps mais cette Dame là, semble vraiment exceptionnelle. J’ai presque envie d’aller dans ce lieu juste pour avoir le plaisir de faire sa connaissance ! Merci DeeDee d’avoir eu la gentillesse de consacrer un article sur une de ces Dames qui sont souvent mal considérées.