QUITTER PARIS / EPISODE 2 – Partir… mais où ?

Previously, dans Quitter Paris, épisode 1 :

Delphine et L. louent depuis une dizaine d’années un appartement de 57m2 qu’ils adorent à Paris. Avec bientôt 2 enfants, un bureau à domicile et leur chambre dans le salon, ils sont bien obligés d’admettre que ce projet n’est plus viable. Ils cherchent alors à louer un 3 pièces mais les prix délirants leur font envisager d’autres pistes.

Après une tentative d’acheter une maison en Bourgogne pour y faire un lieu d’evenementiel, ils décident de se tourner vers une maison en région pour y construire leur nouvelle vie. Leurs recherches s’orientent vers les banlieues de Bordeaux, Toulouse, Lyon, Aix-en-Provence. Mais c’est finalement un tout autre plan qui se dessine…

(Ahahah ça vous plait ce petit délire ?!).

Été 2021

Comme chaque année depuis près de 20 ans, nous passons une partie de notre été à Toulon. C’est l’heure de l’apéro. On est dans le jardin de ma belle-mère, un bol d’olives et un petit rosé bien frais à portée de main. L’air est doux, la mer apporte cette petite brise qui casse la chaleur qui sans cela serait étouffante. Les corps gorgés de vacances exhalent cette odeur caractéristique et enivrante de la peau mordue par le soleil… On est si bien ici, l’été.

Et là, sans que je sache exactement comment, je comprends. Je comprends ces heures passées seule derrière mon écran sur Se Loger à faire mille projections qui ne recevaient au mieux qu’un vague “pourquoi pas”. Je comprends les arguments sans cesse négatifs à base de “à Aix c’est trop cher”, “dans le Vaucluse on crève de chaud l’été et de froid l’hiver”, “Toulouse même pas en rêve”, “Tout le monde va vivre à Bordeaux”, “Lyon mouif, pourquoi pas…”. Je comprends ce qu’il n’a pas osé formuler même dans ses rêves les plus fous, une évidence que je refusais inconsciemment de voir jusque-là : il veut vivre à Toulon. Et nulle part ailleurs.

En quelques secondes, je comprends pourquoi tous les plans que je faisais étaient voués à l’échec puisque de son côté, il n’y avait qu’un seul possible : revenir sur ses terres natales.

Novembre 2021 et février 2022

J’ai à peine eu le temps d’envisager cette option que nous voilà déjà une semaine à Toulon puis une seconde pour procéder à des repérages et aux premières visites. Moi qui ne voulais pas y vivre… !

Je connais plutôt bien Toulon. Oh certes, comme une touriste mais une touriste qui vient une à 3 fois par an depuis 20 ans, quand même. Jusqu’alors, pour moi, Toulon était une ville de garnison, une ville aux contrastes sociaux très, trop marqués et que je jugeais – certainement à tort – peu inspirante architecturalement parlant : ces barres d’immeubles gigantesques dans tous les quartiers donnent à la ville une physionomie pour le moins déroutante !

Bien sûr, je la voyais offrir un visage progressivement plus attrayant : les travaux titanesques pour redonner au centre ville et à ses magnifiques immeubles haussmanniens, ruelles et fontaines ses lettres de noblesse, les projets culturels excitants via la Villa Noailles notamment, les Halles et toutes ces nouvelles propositions réjouissantes complétaient déjà les atouts certains de la ville : la mer, hein, déjà, la nature si proche, les monts qui l’entourent. Pas assez néanmoins pour que j’arrive à m’y projeter.

Au fond, ma plus grande trouille je crois était de quitter l’anonymat confortable de Paris qui permet d’échapper aux commérages et autres qu’en dira t’on : l’expérience provinoise de mes parents en la matière m’a quelque peu vaccinée sur le sujet, et certes, on ne parle pas de villes à la taille comparable mais j’avais déjà eu plusieurs expériences mitigées en la matière à Toulon. Ça et je le confesse, le milieu militaire que j’ai côtoyé pendant 7 ans au collège et au lycée et qui ne m’a pas laissé que des bons souvenirs (un euphémisme s’t’ait caché dans la dernière phrase, sauras-tu le retrouver ?!) et qui me faisait craindre de ne pas me plaire dans cette ville.

Mais voilà. C’était Toulon ou Toulon. Alors j’y suis allée, avec cette promesse : on essaye, et si ça ne nous ou ne me plait pas, on ira composer un nouveau chapitre de notre vie ailleurs. Après tout, rares sont les situations qui nous enracinent quelque part à tout jamais !

C’est ainsi qu’après quelques mois, une dizaine de visites et 3 offres d’achat, nous avons trouvé notre maison. Notre statut d’ex-parisiens ne nous a malgré tout pas permis de nous offrir les “beaux quartiers” mais je suis très contente d’écrire cette nouvelle page dans un quartier que d’aucuns jugeraient “populaire” : clairement, on n’y va pas par hasard, il faut prendre la voiture pour à peu près tout (comme quasiment partout finalement à Toulon) et la mer est à au moins 10 minutes de voiture, moi qui étais gâtée jusqu’à présent et pouvais m’y rendre à pied à chacun de mes séjours ! Mais c’est notre maison. On l’a aimée dès la première visite, autant que cet agent immobilier qui nous a donné notre chance et qu’on ne remerciera jamais assez !

Restait un détail, et non des moindres : la rendre habitable…

A suivre…