No Impact Man, c’est le projet un peu fou de Colin Beavan, un journaliste et écrivain New Yorkais. Celui de vivre en émettant le moins « d’impact environnemental ». Pendant un an.
Concrètement, Colin a entraîné son épouse et leur petite fille de deux ans et demi à l’époque dans cette aventure, dont le seul but était de répondre à cette question : « peut-on sauver la planète sans rendre dingue sa famille » ?
Je n’ai pas tout aimé, dans ce livre, même si certaines thèses de l’auteur m’ont séduites et qu’à défaut d’avoir entièrement adhéré à son propos, j’ai appris énormément de choses.
Tentative de synthèse plus ou moins exhaustive… ça promet d’être un peu long, je vous préviens !
// J’ai aimé
- Le fait que la réflexion de Colin Beavan s’inscrive dans une démarche globale sur notre identité, notre culture et au-delà de ça notre quête du bonheur.
Pour l’auteur, notre manière de consommer est, en effet, symptomatique de notre capacité à être heureux.
Or, nous sommes les prisonniers d’un cercle vicieux : plus nous consommons, plus nous devons travailler pour nous payer les objets de nos convoitises, plus nous avons d’envies, plus nous consommons, plus nous travaillons etc. Avec, en fin de compte, une envie toujours latente, un « demain, ailleurs » toujours plus attirant qu’un « ici et maintenant ». Envie d’un portable encore plus performant, d’un nouveau sac-à-main, d’une nouvelle voiture…
Et pourtant, Colin fait le constat que ces acquisitions ne nous rendent pas plus heureux, loin s’en faut.
Pour lui, la réponse à cette quête de réduction d’impact environnemental passe donc par notre aptitude à répondre à ces questions : qu’attendons-nous de la vie ? Que nous faudrait-il pour être -vraiment- heureux ?
- Son postulat : une démarche écologiquement responsable n’est certainement pas synonyme d’ascétisme.
Bien au contraire ! L’idée de Colin, c’est de démontrer comment on peut rendre compatible nos modes de vies axés sur le plaisir et la recherche d’une satisfaction matérielle relative ET le respect de l’environnement.
Autres postulats qui m’ont séduites : l’homme est bon par nature (mais ça, c’est mon petit côté Bisounours qui s’exprime !), et aussi, sans verser dans une vision manichéene, le fait que la majeure partie des dérèglements écologiques sont le fruit d’une industrie débridée et déraisonnée.
En d’autres termes, nous sommes, de toute évidence, responsable de la dégradation de notre environnement, mais nous ne faisons que subir un mode de consommation qui nous a été imposé.
J’avoue que cette vision des choses m’a séduite, non pas que je cherche à tout prix à me déresponsabiliser, mais parce que la majorité des discours écolo friendly culpabilisent le consommateur, ce con, qui achète trop d’emballages (comme si on avait le choix !), qui laisse ses lumières et ses appareils électriques en veille (qu’est-ce, comparé à ce que dépense « l’industrie », au sens large), qui ne trie pas ses déchets (alors que ceux-ci sont de nouveau mélangés lorsqu’ils sont collectés, du moins à Paris). Etc.
// J’ai moins aimé
- La vision parfois un poil trop naïve du problème.
Lorsque je lis, par exemple « Si nous voulons de l’amour, pourquoi ne pas supprimer les intermédiaires – les biens de consommation – et se contenter d’ouvrir nos cœurs ? » (p 170).
Ou, à propos du 11 septembre « dans une telle situation, on comprend soudain le sens de la vie : nous sommes là, pauvres âmes en peine, pour nous aider mutuellement. Être bienveillant les uns envers les autres, voilà la seule chose qui ait un sens« . (p174)
Oui, même le Bisounours que je suis a ses limites. Je ne sais pas si c’est l’influence du blog, de mon boulot, des parisiens ou que sais-je encore, mais… Je doute, à titre personnel, que l’homme soit fondamentalement bon. J’aimerais pouvoir vous dire le contraire, j’aimerais y croire encore mais… force est de constater que de mon petit point de vue, en tout cas, les choses ne sont pas aussi simples.
- Le côté « jusqu’auboutiste » de l’expérience
Oui, je suis d’accord, il fallait pousser la logique jusqu’au bout. Oui, je suis d’accord, il convenait de démontrer comment un citadin pouvait non seulement vivre mais vivre agréablement, qui plus est, dans une ville telle que New York.
Mais cette logique frise parfois le ridicule. Donner sa télé, oui. Mettre un panneau solaire sur sa fenêtre pour faire fonctionner son ordinateur, à la rigueur, pourquoi pas.
Mais se passer de frigo, de machine à laver (sur ce second point d’ailleurs, l’auteur fait amende honorable et reconnait que ça n’est pas jouable de se passer de cet appareil, surtout lorsqu’on a un bébé à la maison…!) ou, PIRE, se passer de tampons… Nan, là, je n’adhère pas.
Je suis bien navrée mais à mon sens, vivre bien inclut « prendre soin de soi ». Et je ne suis pas persuadée qu’ut